mardi 23 janvier 2007

* Un coup dans la fierté (Le Journal de Québec) - Avez-vous eu honte dernièrement? (Le Soleil)

Plus de 14 mois après son élection à la mairie de Québec, madame Andrée Boucher décide tout à coup de renier l’entente liant la Ville au Championnat mondial de hockey. On se demande bien ce qui explique un si long silence devant un problème qu’elle juge aujourd’hui si criant. Connaissant l’aversion de la mairesse pour tout ce qui touche le sport et les événements majeurs, il est permis de penser que l’occasion était trop belle de tirer à boulets rouges sur l’un des événements porteurs du 400e. Après tout, il semblait si bien engagé jusque-là.

Les gens de Québec sont fiers. Ils tiennent à leur bonne réputation. Ils l’ont prouvé en élisant des maires de la trempe de Gilles Lamontagne, Jean Pelletier et Jean-Paul L’Allier, des leaders dont les pointes d’excellence variaient, mais qui aigssaient avec honneur et panache. Côté sport, ils ont supporté sans relâche leurs Nordiques chéris dans la victoire comme dans la défaite. Ils ont couronné en 2006 trois championnats sportifs d’importance. Un bilan remarquable.

Cette fierté a connu certains écueils dont les plus connus sont l’Été mer et monde et le départ des Nordiques. Le 400e anniversaire de la ville constitue l’occasion rêvée de se refaire une crédibilité en démontrant notre capacité de réussir des événements d’envergure. Devenue une des grandes forces démographiques canadiennes (720 000h, selon wikipedia.org), Québec doit démontrer son savoir-faire.

Le maire L’Allier, qui n’était quand mêmem pas le plus grand sportif, a vite compris que les sports d’hiver ont toujours eu la cote ici, le hockey particulièrement. Les retombées touristiques et économiques de l’événement, évaluées à 84 millions de dollars, expliquent l’appui unanime reçu lors de la signature du protocole d’entente en 2003. Même madame Boucher, qui pestait alors contre la plupart de ses décisions sur les ondes du FM 93,3, n’a pas cru bon contester celle-ci.

Depuis son accession à la maire, madame Boucher n’a absolument rien fait pour assurer le succès de l’événement. Depuis une semaine toutefois, elle crée et alimente la commotion sans retenue, distribue les reproches en s’assurant que la presse nationale et internationale porte son fiel le plus loin et le plus fort possible. Elle brandit le spectre d’un déficit possible que la Ville serait tenue d’assumer, une question qu’elle aurait dû discuter dès son arrivée au pouvoir, en novembre 2005, loin des micros, avec ses partenaires proches de Halifax et Calgary.

Évidemment, sa diatribe ne contient pas un mot sur les retombées économiques, la visibilité et le positionnement de Québec sur l’échiquier international. Elle s’affaire plutôt à allumer des feux partout où elle le peut, sème l’inquiétude et la confusion partout au Canada à Calgary et dans tous les pays inscrits, jusqu’en Suisse où cette organisation mondiale tient sa principale place d’affaires. Résultats? Des villes plus petites que la nôtre se bousculent au portillon pour qu’on leur confie cet événement prestigieux, Winnipeg (661 730 h) et Moncton (117 727 h), pour ne mentionner que celles-là.

Au demeurant, Hockey Canada n’est plus trop certain que Québec mérite encore d’être l’hôte des jeux. Il faut espérer qu’ils auront finalement lieu ici, mais notre crédibilité sera longtemps entachée. Madame Boucher a fait preuve d’un manque total de jugement dans la gestion de cette affaire. On nous mettra longtemps sur le nez cette façon cavalière de transiger avec nos partenaires nationaux et internationaux, notre sens étriqué de l’honneur et du respect de la parole donnée.

De leur côté, les investisseurs sportifs auront sans doute noté la bourde. Au moment où la Ligue canadienne de football et la Ligue nationale de hockey considèrent encore Québec comme un marché potentiel, l’heure est aux discours positifs et rassurants plutôt qu’aux manœuvres régressives. Des investisseurs de la trempe de Red Bull, qui ont récemment démontré un préjugé favorable à Québec, seront certainement refroidis à l’idée même de discuter avec un singulier personnage.

En principe, notre mairesse devrait être le principal agent de développement économique non seulement de la ville, mais de la région de Québec, un rôle qu’elle refuse obstinément de jouer. Grâce au leadership d’un maire rassembleur, une ville canadienne de taille inférieure à la nôtre, Winnipeg, s’est dotée en 2004 d’un nouvel amphithéâtre de 15 000 sièges, le MTS Center. Grâce au charisme et au dynamisme de son maire, Halifax (350 000h) est en excellente position pour décrocher la tenue des Jeux du Commonwealth en 2014, avec un stade extérieur de quelque 30 000 places.

Insatisfaite, la mairesse en rajoute. Elle s’attaque publiquement aux administrateurs de la Société du 400e qu’elle accuse sans vergogne de manquer de transparence. Ça annonce bien pour 2008. Ces derniers jours, j’ai eu honte de notre mairesse. Et vous?


Par Marc Bellemare
Chef de Vision Québec
Le 23 janvier 2007

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