jeudi 25 janvier 2007

* L’attente

À qui la faute? Vous savez bien que vous voudrez un coupable, un bouc émissaire. Celui qui a fait dérailler le train des Championnats de hockey et gaspillé la confiance et l’enthousiasme dont profitait Québec à la veille du 400e.

Vous soufflez spontanément la réponse : la mairesse Andrée Boucher. Son manque d’intérêt et de conviction pour l’événement, son insouciance pendant des mois.

Puis, tout à coup, les déclarations assassines, l’huile sur le feu, le niaisage sur le contrat entre ExpoCité et Hockey Canada, la manie de rejeter le blâme sur l’autre.

Cette façon d’ameuter le pays et de noircir le tableau plutôt que d’agir avec diligence pour corriger ce qui avait besoin de l’être. Bien sûr qu’il y a la mairessse. Mais peut-être n’y a-t-il pas que la mairesse. Voyez le portrait des dernières années : deux changements de garde au fédéral et un à l’hôtel de ville; le scandale des commandites qui a gelé l’aide du fédéral aux grands événements; Hockey Canada qui a tardé à former un comité organisateur; ExpoCité qui a peiné à trouver des candidats; l’ancienne administration qui n’a pas amené tous les documents au conseil municipal; le provincial qui a tardé à payer une partie de sa contribution; l’apathie des gens d’affaires à s’engager; celle des citoyens à acheter des billets.

Des obstacles sur la route, des retards, des détours. Quand on est déterminé à avancer, on surmonte ces obstacles. Quand on ne veut pas, on s’y abîme.

Le contrat, par exemple, ExpoCité n’a pas agi en cachette en s’engageant auprès de Hockey Canada. L’administration L’Allier connaissait la clause sur un éventuel déficit.

La mairesse affirme qu’elle dû aller à Hockey Canada pour obtenir copie du contrat. Le document était pourtant dans le classeur d’ExpoCité. Pourquoi ne pas l’avoir demandé? ON ne lui aurait certainement remis : elle est la présidente d’ExpoCité.

Un contrat en anglais seulement? Hockey Canada avait offert de le traduire. ExpoCité a cru que ce n’était pas nécessaire, qu’elle signait régulièrement des contrats en anglais, avec les groupes rock par exemple. Un seul contrat évitait que Québec et Halifax puissent en faire des interprétations différentes. Est-ce un grand scandale?

Selon nos informations, l’avis juridique dont se sert Mme Boucher pour dénoncer le contrat n,est pas aussi tranchant qu’elle le dit. Valait-il la peine d’en faire une montagne?

Tout avait si bien commencé. Printemps 2003, Me Marcel Aubut cogne à la porte du marie Jean-Paul L’Allier. Il propose ses services pour organiser une candidature de Québec aux Championnats du monde de hockey de 2007. Il demande un budget de 100 000$. La mairie aime l’idée, mais demande à Me Aubut plus de précisions.

Sur l’entrefaite, Halifax qui s’intéresse aussi aux Championnats, frappe à son tour à la porte de Québec pour proposer une candidature conjointe. L’Affaire est vite conclue.

Le 26 mars 2003, le comité exécutif donne le feu vert à la candidature de Québec et autorise 50 000$ pour la faire valoir auprès de Hockey Canada et de la Fédération internationale de hockey sur glace.

À la demande de la FIHG, Québec et Halifax accepteront plus tard de retirer leur candidature pour 2007 et de la soumettre plutôt pour 2008. Les villes ne perdent rien pour attendre.

Le 7 mai 2004, le président de la FIHG, René Fasel, confirme l’octroi des Championnats 2008 à Québec et Halifax. Ce jour-là, il n’en aura que pour Québec. Le fait français, le 400e, il a déjà hâte de venir à Québec. Et à Halifax, finira-t-il par ajouter. Il est si enthousiaste pour Québec que les gens d’Halifax sont mal à l’aise, rapportent les journalistes. Décidément, les temps changent.

Québec se frotte déjà les mains; retombées économiques, visibilité, effervescence accrue pour une année 2008 déjà remplie de promesses. « Je suis emballé que ça vienne chez nous », commente Marcel Aubut, qui ne semble pas trop amer d’avoir été ignoré par la maire.

On ne saura jamais comment les choses auraient tourné si Marcel Aubut avait pris les Championnats du monde en charge. Mais vous pouvez parier qu’on ne serait pas enlisé dans pareil gâchis.

Et maintenant? On attend encore un peu. Que la mairesse soumette au conseil des documents en ordre, un plan de match, des réponses aux questions et ultimatums de Hockey Canada.

On attend et on se croise les doigts. On espère que celui qui prendra les commandes, Jacques Tanguay, si c’est lui, pourra apaiser à la fois Hockey Canadan et la mairesse Boucher. On vous laisse deviner ce qui sera le plus difficile.

Source : Le Soleil
Par : François Bourque
Le 25 janvier 2007

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