Nous voici de nouveau plongés dans la controverse à propos d’un événement sportif international. Comme si Québec était au-dessus de ses affaires et pouvait se payer le luxe de renoncer au Championnat du monde de hockey 2008, après s’être battu pour l’obtenir.
La mairesse Andrée Boucher veut éviter que la Ville ait à payer l’éventuel déficit de l’événement. Le problème, c’est que la Ville s’y est déjà engagée par contrat, comme l’a fait aussi Halifax, l’autre ville hôtesse des Championnats.
Ce contrat a été signé sous l’ancienne administration et n’est pas valide car il n’a jamais été soumis au conseil municipal, plaide aujourd’hui Mme Boucher.
Elle s’oppose à ce que la Ville prenne le risque d’un déficit de plusieurs millions de dollars. Elle presse le gouvernement de prendre le risque à sa place, à défaut de quoi, elle est prête à renoncer à l’événement.
Personne ne reprochera à Mme Boucher de veiller sur les intérêts des citoyens de Québec et de s’assurer que les choses soient faites dans l’ordre.
Le problème n’est pas de poser des questions. C’est de lancer accusations et menaces sur la place publique avant d’avoir les réponses et parfois même, avant d’avoir posé les questions.
En fin de journée hier, le ministre responsable de la région de Québec n’avait pas encore été prévenu que Mme Boucher comptait sur lui pour assumer le risque d’un déficit.
Mme Boucher n’a pas bâti sa carrière politique sur des réalisations liées au sport. On se souvient de son opposition farouche aux candidatures olympiques et de sa tiédeur face aux équipements sportifs destinés à l’élite.
Mme Boucher n’a pas non plus bâti sa carrière sur les relations internationales. Elle a fini par consentir à un minimum d’échanges avec d’autres villes dans le cardre des jumelages de Québec et des Fêtes du 400e. Mais l’enthousiasme n’y est pas toujours.
Encore la semaine dernière, Mme Boucher a préféré poursuivre ses vacances plutôt que de rencontrer le maire de Bordeaux, Alain Juppé, de passage à Québec.
Il n’y a rien là de scandaleux. Mais cela confirme que le rayonnement de la Ville de Québec ne fait pas partie de ses priorités.
Dans ce contexte, il ne fallait pas s’étonner qu’elle remettre en question l’appui de Québec au Championnat du monde.
Mme Boucher ne s’oppose pas à l’idée d’accueillir l’événement. Au contraire dit-elle. Ce qui la rebute, c’est la peur du déficit.
On peut cependant parier que si elle avait éprouvé un réel enthousiasme pour le Championnat, elle parlerait beaucoup moins du risque et du mauvais contrat. Et consacrerait ses énergies à sauver l’événement, plutôt qu’à le torpiller.
Hier matin, Mme Boucher a réuni des élus, cadres et employés de la ville dans la salle du conseil pour leur prodiguer ses vœux du Nouvel An.
Je nous souhaite la sagesse, a-t-elle dit. Pas celle de Salomon. Mais celle de pouvoir consacrer nos énergies à des choses importantes plutôt qu’à des futilités.
Ce n’est pas un détail futile que de savoir si la Ville va payer le déficit d’un événement. Ni de vouloir que les contrats soient signée dans les règles de l’art. Mais on oublie actuellement de poser d’autres questions aussi importantes :
Un Championnat du monde de hockey est-il vraiment un risque déraisonnable pour une ville comme Québec? N’y a-t-il pas de bonnes chances d’en faire un succès et de profiter de ses retombées?
L’événement réunit chaque printemps des équipes de 16 pays d’Europe et d’Amérique. N’y a-t-il pas suffisamment d’amateurs qui s’ennuient du hockey professionnel à Québec et qui trouveraient plaisir à ce tournoi, même si le Canada ne jouera pas à Québec avant la demi-finale?
Il faut aussi se poser une question moins agréable : si Québec renonçait au Championnat, quelle sera la conséquence sur sa capacité à attirer d’autres événements d’envergure internationale?
On a fait circuler le chiffre de 80 millions$ en retombées économiques. Ça paraît beaucoup. Le chiffre est inspiré des résultats obtenus lors de précédents tournois en Europe. Personne n’a encore vu d’étude spécifique pour Québec et Halifax. Quel budget pour l’organisation? D’où viendra l’argent? Comment sera-t-il dépensé? Combien de visiteurs?
Les réponses à ces questions sont nécessaires pour évaluer correctement les retombées économiques. Peut-être est-il tard pour commencer à se les poser.
Il n’est cependant pas trop tard pour parler des retombées intangibles. La visibilité supplémentaire et le rayonnement qui s’ajouteront à celles du 400e. Le plaisir du hockey. La satisfaction d’ajouter un événement grand public à la programmation du 400e.
Source : Le Soleil
Par : François Bourque
Le 16 janvier 2006
La mairesse Andrée Boucher veut éviter que la Ville ait à payer l’éventuel déficit de l’événement. Le problème, c’est que la Ville s’y est déjà engagée par contrat, comme l’a fait aussi Halifax, l’autre ville hôtesse des Championnats.
Ce contrat a été signé sous l’ancienne administration et n’est pas valide car il n’a jamais été soumis au conseil municipal, plaide aujourd’hui Mme Boucher.
Elle s’oppose à ce que la Ville prenne le risque d’un déficit de plusieurs millions de dollars. Elle presse le gouvernement de prendre le risque à sa place, à défaut de quoi, elle est prête à renoncer à l’événement.
Personne ne reprochera à Mme Boucher de veiller sur les intérêts des citoyens de Québec et de s’assurer que les choses soient faites dans l’ordre.
Le problème n’est pas de poser des questions. C’est de lancer accusations et menaces sur la place publique avant d’avoir les réponses et parfois même, avant d’avoir posé les questions.
En fin de journée hier, le ministre responsable de la région de Québec n’avait pas encore été prévenu que Mme Boucher comptait sur lui pour assumer le risque d’un déficit.
Mme Boucher n’a pas bâti sa carrière politique sur des réalisations liées au sport. On se souvient de son opposition farouche aux candidatures olympiques et de sa tiédeur face aux équipements sportifs destinés à l’élite.
Mme Boucher n’a pas non plus bâti sa carrière sur les relations internationales. Elle a fini par consentir à un minimum d’échanges avec d’autres villes dans le cardre des jumelages de Québec et des Fêtes du 400e. Mais l’enthousiasme n’y est pas toujours.
Encore la semaine dernière, Mme Boucher a préféré poursuivre ses vacances plutôt que de rencontrer le maire de Bordeaux, Alain Juppé, de passage à Québec.
Il n’y a rien là de scandaleux. Mais cela confirme que le rayonnement de la Ville de Québec ne fait pas partie de ses priorités.
Dans ce contexte, il ne fallait pas s’étonner qu’elle remettre en question l’appui de Québec au Championnat du monde.
Mme Boucher ne s’oppose pas à l’idée d’accueillir l’événement. Au contraire dit-elle. Ce qui la rebute, c’est la peur du déficit.
On peut cependant parier que si elle avait éprouvé un réel enthousiasme pour le Championnat, elle parlerait beaucoup moins du risque et du mauvais contrat. Et consacrerait ses énergies à sauver l’événement, plutôt qu’à le torpiller.
Hier matin, Mme Boucher a réuni des élus, cadres et employés de la ville dans la salle du conseil pour leur prodiguer ses vœux du Nouvel An.
Je nous souhaite la sagesse, a-t-elle dit. Pas celle de Salomon. Mais celle de pouvoir consacrer nos énergies à des choses importantes plutôt qu’à des futilités.
Ce n’est pas un détail futile que de savoir si la Ville va payer le déficit d’un événement. Ni de vouloir que les contrats soient signée dans les règles de l’art. Mais on oublie actuellement de poser d’autres questions aussi importantes :
Un Championnat du monde de hockey est-il vraiment un risque déraisonnable pour une ville comme Québec? N’y a-t-il pas de bonnes chances d’en faire un succès et de profiter de ses retombées?
L’événement réunit chaque printemps des équipes de 16 pays d’Europe et d’Amérique. N’y a-t-il pas suffisamment d’amateurs qui s’ennuient du hockey professionnel à Québec et qui trouveraient plaisir à ce tournoi, même si le Canada ne jouera pas à Québec avant la demi-finale?
Il faut aussi se poser une question moins agréable : si Québec renonçait au Championnat, quelle sera la conséquence sur sa capacité à attirer d’autres événements d’envergure internationale?
On a fait circuler le chiffre de 80 millions$ en retombées économiques. Ça paraît beaucoup. Le chiffre est inspiré des résultats obtenus lors de précédents tournois en Europe. Personne n’a encore vu d’étude spécifique pour Québec et Halifax. Quel budget pour l’organisation? D’où viendra l’argent? Comment sera-t-il dépensé? Combien de visiteurs?
Les réponses à ces questions sont nécessaires pour évaluer correctement les retombées économiques. Peut-être est-il tard pour commencer à se les poser.
Il n’est cependant pas trop tard pour parler des retombées intangibles. La visibilité supplémentaire et le rayonnement qui s’ajouteront à celles du 400e. Le plaisir du hockey. La satisfaction d’ajouter un événement grand public à la programmation du 400e.
Source : Le Soleil
Par : François Bourque
Le 16 janvier 2006
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